22 janv. 2012


Sculpture végétale, art topiaire, le retour des plantes sculptées
Arbres sculptés selon la taille japonaise, arbustes formés par les techniques de l’art topiaire, c’est la mode des végétaux taillés : petit tour d’horizon.
Des sculptures végétales au jardin ou sur les balcons et terrasses, quoi de plus facile aujourd’hui puisqu’il reviennent en force ! Certaines pépinières se sont même spécialisées pour nous proposer de véritables œuvres d’art de toutes formes et toutes tailles, dont beaucoup peuvent être conservées en pot ou bac, un atout pour les petits espaces.
Mais sous le vocable art topiaire, tel qu’utilisé aujourd’hui, se cache en réalité des techniques très différentes. Si toutes nous offrent le spectacle de sculptures végétales, la manière de les obtenir, puis de les entretenir peut varier considérablement d’une œuvre à une autre.
L’art topiaire vrai, fondé sur les formes géométriques
C’est un ensemble de techniques de taille des arbres et arbustes des parcs et jardins, dans un but décoratif, pour former des écrans, motifs et massifs structurés par la main de l’homme. Cet art est né à l’époque de la Rome antique. La prépondérance des plantes ligneuses à feuilles persistantes en région méditerranéenne a favoriser son essor : buis, if, cyprès, laurier sauce…
Très utilisée dans les jardins italiens, les créations topiaires ont également largement trouvé leur propre identité dans les jardins français et  néerlandais aux XVIe et XVIIe siècles. Ainsi, cônes, cubes, spirales, boules, colonnes, flammes, diamants et formes géométriques complexes, et combinaisons de formes, constituent les bases du jardin topiaire : domination de la nature par l’homme.
Niwaki, arbres nuages et taille japonaise
La sculpture d’arbres et arbustes selon les pratiques japonaises, résulte d’une tout autre démarche inspirée par les formes que la nature peut engendrer dans des conditions difficiles de milieu. Ici, pas de place à la géométrie puisque l’homme ne cherche pas à dominer la plante, mais simplement à l’accompagner : les sujets sont travaillés pendant plusieurs années afin de mettre en valeur leur singularité. L’objectif est d’intégrer l’harmonie de la nature dans le jardin.
La taille japonaise, dite en nuage (ou Niwaki), est une démarche Zen. Les occidentaux, bien que majoritairement peu sensibles a cet état d’esprit, sont devenus friands de ces arbres et arbustes aux formes harmonieuses soulignées par une taille délicate et soignée qui donne une impression de maturité. Vendus pour êtres surtout cultiver en bac, ces plantes sont généralement d’un coût très élevés car très longues à obtenir. Elles sont longues et difficiles à réaliser et réussir soit même.
Les plantes formées sur gabarits
Avec quelques astuces, il est possible de végétaliser des formes préalablement construites, des "gabarits" en grillage par exemple. Y planter au pied du lierre, un chèvrefeuille arbustif (Lonicera nitida), ou autre plante qui pousse vite, permet d’obtenir rapidement la forme souhaitée puisqu’il suffit de tailler très près du grillage tout ce qui dépasse. Facile, rapide, de faible coût, tentez l’expérience en achetant une forme déjà prête en jardinerie, ou en la réalisant vous-même et plantée de Lonicera.
D’autres gabarits, organiques cette fois, peuvent aussi être garnis de plantes tapissantes ou de petite taille (Sempervivum, Sedum, thym serpolet…). Dans ce cas, aucune taille n’est nécessaire. Ces créations, plus proches de l’art floral, sont utilisées dans les parcs publics ou lors d’événementiels.
Art topiaire extravagant : avoir l’âme d’un coiffeur-sculpteur
La petite ville de Durbuy en Belgique présente un Parc des Topiaires de 250 figures qui résultent de plus de 20 ans de travail : éléphant, sirène, crocodile ou cerf. Il illustre bien les nouvelles tendances en matière de formes. Années après années, ifs, buis, lauriers, houx et cyprès sont plus ou moins guidés, soutenus pour adopter les bonnes orientations de branche ou la meilleure forme possible, et taillés. La réalisation de ces formes spectaculaires est un énorme travail de patience qui nécessite un réel talent : imaginez un sculpteur qui travaille son œuvre avec une tondeuse de coiffeur ! c’est presque ça.
On en trouve aussi fréquemment dans le commerce, mais plutôt avec des plantes à croissance rapide.
Art topiaire à la française, pour ceux qui ont le compas dans l’œil
Les Jardins du château de Villandry (Indre-et-Loire), et ceux du Manoir d'Eyrignac à Salignac-Eyvigues (Dordogne), sont de parfaits exemples de l’art topiaire « conventionnel », fondé sur la grande maîtrise des formes géométriques parfaites, des symétries et des perspectives. Cônes, pyramides, colonnes, cubes… et formes combinées ou complexes sont présentées en grand nombre. La difficulté réside d’ailleurs moins dans la déjà difficile taille d’un sujet en une forme donnée que dans la multiplication des spécimens de même forme qui doivent donc tous être identiques.
Il faut une bonne maîtrise de la taille et un sens aigu des droites et des courbes pour réussir ces créations. Pour un résultat d’exception, certains jardins utilisent au moment de la taille des guides, gabarits en creux, appliqués contre la forme pour la tailler à la perfection.
L’art topiaire enivrant : un peu de folie dans la cisaille
Les jardins suspendus de Marqueyssac (Dordogne) sont l’exemple parfait d’une taille libre guidée par  beaucoup d’imagination et un brin de folie. 150 000 buis centenaires formés en s’inspirant des techniques traditionnelles de l’art topiaire et en y alliant le  mouvement impulsé par la plante, à la façon de la sculpture végétale japonaise. Cette taille est dite enivrante car elle perturbe le regard, trompe l’esprit et déroute la perception même de l’espace.
Pourquoi ne pas la tenter chez vous, sans trop de risques, avec des lavandes, santolines, thyms, romarin, bruyères ou le lonicera. C’est une manière très agréable de s’initier à la taille, trouver son inspiration et réaliser sa première création topiaire en peu de temps (4-5 ans).
Votre premier vrai topiaire : réalisez une boule
La sphère est la création idéale pour débutant car les courbes sont plus faciles que les angles Achetez un buis boule de petite taille que vous ferez grossir peu à peu. À raison de 2 à 6 fois par an, taillez les jeunes pousses d’abord au printemps pour la taille de formation, puis en fin d’été début d’automne pour la taille d’entretien. Procédez toujours de haut en bas, et du milieu vers l’extérieur. N’utilisez qu’une cisaille manuelle, à lames courtes, renversée (c’est beaucoup plus facile). Travaillez par petites étapes en tournant souvent autour de la plante et en vous en écartant pour vérifier en permanence son équilibre. Ne réalisez pas un côté puis l’autre, mais alternativement des deux côtés par petite touches.
Outre le buis, Buxus sempervirens, vous pouvez aussi utiliser le houx (Ilex crenata), les ifs (Taxus baccata, Taxus cuspidata), et pour les grosses boules Teucrium fruticans, Laurus nobilis, Viburnum tinus, Pittosprum tenuifolium, Ligustrum delavayanum.

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