Me souvenir encore qu’il fût un temps où la mémoire inondait
mes pensées…
Me souvenir encore, encore un peu, un peu encore, avant de
me laisser happer
Par l’inconnu d’un monde aux souvenirs batailleurs,
anarchiques et insensés.
Las de me souvenir que les souvenirs m’échappent, je me laisserai porter
Par la folie enfin, dont Erasme en fit l’Eloge avec virtuosité.
Peur aujourd’hui d’être regardé avec la compassion de ceux qui, à tord,
Ne sauraient se souvenir de moi que d’un temps où je me
souvenais encore...
Etrangers à ma mémoire, demain je les regarderai sans aucun
remords.
Etranger à moi-même sans le savoir, sans peur j’irais sans
mémoire, alors
Ignorant d’un temps ou la mémoire inondait mes pensées d’un
parfait accord
- « Papa, c’est toi qui a écrit cela ? »
- « Quoi donc ? Et qui êtes vous d’abord »
- « Mais papa ! Je suis ta fille, TA
FILLE ! Regarde, voici maman, voici ta femme. Tu l’as aimé, tu l’as
tellement aimé»
- « Ma fille ? Non, je ne pense pas ! Elle,
oui, je l’ai vu ; hier je crois. Et laissez-moi d’ailleurs maintenant,
laissez-moi avec elle. Dites-lui de me raconter encore l’histoire… l’histoire
de celle qui dit un jour m’avoir aimé, je crois ».
-« Papa, s’il te plaît, juste une fois… s’il te plait, souviens-toi de moi encore…
Papa ! PAPA ! »
Un monde inconnu s’ouvre à moi, je suis comme un nuage dans
l’infini du ciel.
Point de terre, point de repère, juste quelques brumes dans
cet espace carentiel
Il ya des odeurs, des couleurs, des caresses, impressions
nouvelles, sensorielles.
Qu’ont-ils donc ces visages changeants à douter de mon
bien-être existentiel ?
Ignorants de mon monde, hermétiques à mon univers, je leur suis démentiel.
- « dites moi, madame, c’est quoi un
souvenir ? »
Très beau texte Jean-Luc. La triste réalité pour beaucoup de familles malheureusement. J'espère ne pas avoir à le vivre...
RépondreSupprimerBonne Année en santé à vous!
Bises, Louise xx